Les auto-entrepreneurs ubérisent l'entreprise

Ah l’ubérisation, on en a entendu parler à tout va ces derniers mois avec la fameuse affaire Uber ! En résumé, que signifie ce nouveau terme à la mode ? 

L'ubérisation c'est quoi ?  

On parle d’ubérisation de l’économie dans le sens où de nouveaux modèles émergent et cassent les codes habituels. Le premier principe réside dans le fait que le consommateur, qui était jusqu’alors passif, devient acteur de l’économie en s’investissant dans le processus et en répondant directement à un besoin. Uber est l’exemple le plus médiatique, toute personne possédant un véhicule pouvant proposer ses services. 

Mais c’est loin d’être le seul : locations de chambres entre habitants, livraison de lettres et colis entre particuliers etc. Ces nouvelles façons de faire dérangent l’establishment. Normal, ça remet en cause le ronron quotidien, les prérogatives auxquelles certains ordres professionnels s’accrochent.

Comment définit-on la réussite d'une Entreprise en 2016 ?

Je me posais beaucoup de questions à ce sujet lorsque plusieurs événements se sont déroulés quasi simultanément. Le premier était une remise de prix aux entreprises les plus performantes de ma région, le Languedoc-Roussillon. Là, j’ai réalisé que les critères de réussite étaient l’embauche de nouveaux salariés et surtout le déploiement à l’international. Cette obsession m’agaçait. Le succès doit-il se réduire à ça ? 

Ensuite, l’actualité du moment s’est focalisée sur le rachat d’une start-up par un géant américain. Je ne comprenais pas trop pourquoi tout le monde s’en réjouissait... Sauf moi. Encore une fois, je m’interrogeais : la finalité pour une start-up, c’est de se faire racheter ? 

Et puis, j’ai assisté à la finale d’un concours dont l’objectif était de faire émerger les talents dans les quartiers prioritaires. Ces personnes que j’ai vues défendre leur projet avec passion ne parlaient pas d’international ou de rachat. Non, leur unique but est de créer dans leur quartier pour le faire vivre, et surtout d’y rester pour pérenniser leur activité.

Nous inventons une nouvelle manière de "faire" l'entreprise

En les observant, j’ai fait le parallèle avec nous, auto-entrepreneurs. J’entends ou je lis encore très souvent que nous ne sommes pas de "vrais" entrepreneurs, que l’on n’est pas des "grands" comme les entreprises individuelles, les SARL etc. Bref, on bricole... 

En plus, nous n’avons ni la vocation ni l’envie d’embaucher, alors nous ne répondons pas aux critères convenus de la réussite. Et quant à se lancer à l’international, laissez-moi vous dire qu’en tant que rédactrice, je n’y vois aucun intérêt. Me faire racheter ? Heu, comment vous dire ? 

Bref, les attaques semblent la règle. En général, ça arrive quand on dérange, quand on fait peur.

Nous, les "poussins", ne sommes-nous pas montrés du doigt parce que nous symbolisons la remise en question de concepts auxquels on ne veut surtout pas toucher ?

Et oui, créer son activité auto-entrepreneur (en tous cas quand je l’ai fait il y a bientôt 6 ans...) ne coûte pratiquement rien contrairement aux autres statuts. Jaloux les EI, SAS, SARL et compagnie ? 

Autoentrepreneur, Entrepreneurs, unissons-nous

Et si au lieu de vous battre contre nous pour que nous soyons aussi "chargés" que vous, vous mettiez votre énergie à rapprocher votre statut du nôtre, ça ne vous paraitrait pas plus logique ? Et non, nous n’embauchons pas, mais ce n’est pas pour ça que nous ne créons pas d’emploi. Nous travaillons en réseau, nous misons sur la complémentarité des compétences. Pas besoin de salariés pour travailler en équipe et proposer un service de qualité. Nous inventons une nouvelle manière de faire...

Enfin, la plupart d’entre nous n’a pas d’ambition à l’international ni ne rêve de se faire racheter à court terme. Pourquoi ? Parce que comme les talents que j’ai vus lors de la finale de ce concours, nous créons pour pérenniser, pour nous implanter durablement sur notre territoire. "Think global, act local", ça vous dit quelque chose ? 

Nous prenons le contrepied de toutes ces nouvelles formes d’entreprises, qui, d’après moi, courent après une gloire éphémère. Discrètement, parce que nos histoires ne sont pas de bons sujets de papier pour les journaux, doucement mais sûrement, parce que ça va faire 7 ans que nous existons et que nous résistons à toutes les critiques, toutes les attaques, nous cassons les codes de l’entreprise telle qu’on l’a toujours connue. Nous remettons en question la tendance actuelle qui se reflète si bien dans l’esprit start-up.

Ca ne va pas plaire à tout le monde, mais telle est l’évolution qui est déjà en marche, les auto-entrepreneurs ubérisent l’entreprise.

Rédactrice web et community manager à Montpellier depuis bientôt 6 ans, j'ai soutenu le mouvement des Poussins dès son lancement pour la défense des auto-entrepreneurs

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10 Commentaires

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Sébastien , on 20/1/16 - Répondre

Merci pour cet article Cécile. Il y a effectivement des alternatives au modèle d'entreprise traditionnel. L'important réside dans la qualité des compétences que nous sommes à même de faire valoir. L'association de compétences locales : indépendants, entreprises, à même d'apporter des solutions innovantes aux grandes entreprises locales est une réflexion que nous devons mener. Je partage votre vision, nous devons penser localement et agir globalement. J'ai récemment écrit un article sur ce sujet sur Siècle digital (https://siecledigital.fr/2016/01/14/hier-jai-vu-demain-coup-de-gueule-dun-entrepreneur-lyonnais-du-digital/). Nous menons par ailleurs un projet sur Lyon pour faire émerger une réelle alternative aux entreprises traditionnelles du digital en fédérant des compétences autour d'un projet commun. Casser le codes, développer la valeur !

Luc , on 14/1/16 - Répondre

Bravo un beau article une bonne analyse Cécile. Et j'ajouterais : - La remise de prix aux entreprises les plus performantes de ma région, le Languedoc-Roussillon. Là, j’ai réalisé que les critères de réussite étaient l’embauche de nouveaux salariés et surtout le déploiement à l’international. Cette obsession m’agaçait. Le succès doit-il se réduire à ça ? Nos politiques n'ont toujours pas compris l'évolution économique et travail de notre société. - La finalité pour une start-up, c’est de se faire racheter ? oui c'est souvent le cas. Et oui notre façon de travailler a changé 35H = changement du temps, d'organisation Internet = le lieux/coworking/tiers lieux Uber = adaptation à la demande Luc

Adrien , on 12/1/16 - Répondre

Super article Cécile ça apporte un point de vue intéressant sur la question de l'ubérisation des entreprises par les auto-entrepreneurs ! Je partage ton avis sur la définition d'une entreprise qui "réussit", ce n'est pas nécessairement de s'internationaliser et de se faire racheter, cela peut aussi être de faire vivre au quotidien son activité entrepreneuriale, de créer son propre emploi et de produire de la richesse économique autour de soi et localement.

Frederic , on 12/1/16 - Répondre

Sympa ça a du sens, effectivement, il existe d'autres façons de "penser l'entreprise" et comparer ça à une forme d'Uberisation (de la pensée de l'entreprise en fait) est une approche maline je trouve. Oui il y a bien d'autres critères de réussite, vivre de son activité de freelance en est un en 2016.

Eric , on 12/1/16 - Répondre

Merci Cécile pour cet article qui enrichit la réflexion. Comme tu le ressens il n'y a pas qu'une seule manière d'entreprendre. D'ailleurs c'est plus un état d'esprit qui peut vivre autant dans un environnement personnel, sociétal et professionnel. Toutes les résultats ont de la valeur d'ailleurs celle de proximité est stratégique pour conserver une économie circulaire territoriale. Chaque territoire à sa spécificité composée par son capital talents diversifiés. Tous les acteurs économiques grands ou petits ont un rôle crucial à prendre sur les nouvelles pistes de co-création horizontale inter métiers. Ceux qui ne s'intéressent qu'a un certains types de grandes entreprises, startup ou croissance éclair n'ont souvent que des intentions non durables et trop souvent purement a objectifs politiques ou spéculateurs.

Cécile , on 12/1/16 - Répondre

Bonsoir Eric, c'est bien ce que j'observe et qui me dérange : tout est trop axé aujourd'hui sur ces croissances éclairs, cela ne risque t'il pas de finir en feu de paille ?

lindaP , on 12/1/16 - Répondre

Bravo pour votre analyse Cécile. Qu'il est difficile de se faire reconnaître avec un statut encore trop souvent associé à une activité complémentaire, voire un passe-temps, quand en réalité il fait vivre des milliers de personnes ! Si je n'étais pas auto-entrepreneur aujourd'hui, je serais au RSA, car mon secteur, comme tant d'autres, est en crise, et les entreprises n'embauchent pas ! À moins de céder à l'appel du loup et de se faire happer par une multinationale robotisante... Nous, poussins, réinventons les affaires à une échelle humaine. Ne lâchons rien !

Eric , on 12/1/16 - Répondre

Linda d'accord avec toi. Entrepreneur est un état d'esprit pas une obligation de dimension. D'ailleurs les micro entrepreneurs sont souvent plus agiles surtout si ils s'organisent pour sortir de la solitude et s'organisent en cercle de compétences complémentaires par projet.

Frederic , on 12/1/16 - Répondre

Très bon état d'esprit ! :) Ce n'est pas parce que le "secteur salarié" d'une activité est en crise que la dite activité ne peut pas vivre autrement, grâce à des volontés d'entreprises individuelles et collectives. Donc Bravo @LindaP ! :)

Cécile , on 12/1/16 - Répondre

Bonsoir et merci Linda, oui nous réinventons la façon d'entreprendre et ça peu de gens sont prêts à l'entendre, il faut persévérer et continuer à faire de la pédagogie !

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